Eh bien, voilà un exemple : ces dix dernières années, beaucoup de rénovations ont été effectuées. On en notamment a repeint toute une série de bâtiment, dont l’Atlantic House à la place de la gare, en vert très vif. Ou encore l’ensemble des trois bâtiments, à l’angle de la rue des Prés, un orange, un jaune, un vert. Quand la rénovation a été terminée, on a pu lire dans le journal que c’était une vraie catastrophe : « On a rénové toutes les maisons avec des couleurs pop-art. Ça va pas du tout ! » Mais l’office du patrimoine a certifié qu’il s’agit bel et bien des couleurs originales. Le grand public ne s’attend pas à des constructions aussi colorées, parce que toutes les photos d’époque sont en noir blanc, mais sur les images, le gris des bâtiments ce sont des couleurs. L’Hôtel Elite est jaune, la maison du peuple est rouge. Et il y avait une règle quant à l’utilisation de ces teintes : seuls les bâtiments à l’angle des rues étaient colorés et bien souvent de forme un peu spéciale. Le reste de la rue était plus neutre. La question des rénovations, c’est assez complexe. Si on commence à rénover, le problème, aujourd’hui, c’est qu’il y a une tonne de nouvelles restrictions liées à la sécurité, comme la protection anti-feu ou la hauteur des garde-corps. Même les portes d’entrée, on ne pourrait plus du tout les construire comme ça. Et puis, pour rénover, le propriétaire doit avoir une notion de l’histoire, une sensibilité pour cette histoire, c’est exigeant… Heureusement qu’aujourd’hui, la plupart des maisons sont protégées. Jusqu’en 2003, ce n’était pas le cas et on a notamment démoli le cinéma Capitole, le plus grand cinéma de Bienne, incluant un théâtre et une salle pour les concerts. Il était immense : il avait une capacité de plus de 1000 places, toute l’histoire du jazz biennois des années 50-60 s’y est jouée. Quel dommage…