Le safari des profs 2

Le deuxième prof que nous avons rencontré est Ruedi Steiner. Actif depuis des décennies dans le monde de l’art, il est l’une des chevilles ouvrières de l’école. Son atelier, doublé de son appartement, est perché trouve dans les combles de l’ancien bâtiment du Pasqu’art, ce qui lui sied à merveille : Ruedi est en effet un artiste protéiforme par excellence.
Bonjour Ruedi, peux-tu nous résumer ton parcours d’études ?
A l’époque où je voulais faire des études, il n’y avait pas encore beaucoup de possibilité d’étudier les arts visuels en Suisse. Il fallait aller en Allemagne, ou en France, ou alors à Genève. Comme je ne parlais pas encore le français à ce moment-là, je n’ai pas eu cette chance. Je n’ai donc pas fait d’étude de photographe : après l’école obligatoire, je me suis formé comme instituteur.
Et alors, comment es-tu entré dans le monde de la photographie ?
J’ai appris sur le tas, en commençant par travailler comme journaliste et photographe, en pratiquant la photo de manière professionnelle malgré le fait que je n’avais pas de diplôme. Et on m’a ensuite donné la chance d’enseigner tout ce que j’avais accumulé comme connaissances dans des classes préparatoires de photographie.
Est-ce que tu étais déjà passionné par la photographie dans ton enfance ?
Oui très ! À 14-15 ans, je commençais déjà à expérimenter avec les appareils de mon père. Ça m’a toujours immensément intéressé. J’ai aussi découvert la peinture et la sculpture à cet âge-là, mais, je trouvais beaucoup plus passionnant de travailler avec des appareils photos, ils ont ce côté technique qui me fascine. Et puis, détail important, on pouvait gagner sa vie avec la photographie.
Est-ce que tu as dû te spécialiser ou changer de voie en cours de carrière ?
Oh oui, je n’ai pas arrêté de changer de voie! Dans mon parcours, j’ai fait mille choses : j’ai été chauffeur, j’ai travaillé dans un restaurant gastronomique, dans le journalisme, dans l’enseignement, etc. Et puis, étape importante, je suis devenu artiste. Ensuite, je me suis intéressé aux livres et j’ai créé une maison d’édition, Haus am Gern, et dans la foulée, une foire du livre, Edicion qui se tient tous les deux ans à Bienne. 
Je n’ai pas vraiment un parcours professionnel typique. J’ai essayé des trucs et ça a marché ! Et comme j’ai commencé à gagner des prix, personne ne m’a jamais demandé le moindre certificat. C’est clair que ça fonctionne autrement aujourd’hui.
Peux-tu nous dire pourquoi tu t’es tourné vers l’enseignement ?
Honnêtement, c’est très difficile de payer son loyer en étant seulement artiste. Mais surtout, ça me plaît pas mal de travailler avec des jeunes. Le contact humain, c’est important. Je ne tiens pas à passer l’entier de mon temps perdu tout seul, dans mon atelier. Et l’école, c’est la manière par excellence de partager mon expérience.
Y’a-t-il des aspects qui te déplaisent dans l’enseignement ?
Y’a-t-il des aspects qui te déplaisent dans l’enseignement ?